Le monde de la télévision de haute technologie est à la croisée des chemins : d'un côté, il y a ceux qui pensent que la course à l'ultra-définition a atteint son apogée, celle du 4K, de l'autre, ceux qui restent convaincus qu'il n'est pas juste (et même pas pratique) de limiter la surabondance des pixels. Cela a été confirmé à l'IFA de Berlin l'année dernière. Sur les stands du plus important salon européen dédié à l'électronique grand public, la première véritable comparaison entre les deux courants de pensée a été consommée, les premiers téléviseurs 8K ayant été placés à côté des modèles 4K les plus populaires.
Samsung a annoncé sa première télévision avec plus de 32 millions de pixels de résolution (Samsung Q900R QLED 8K), un produit utilisant la technologie Quantum Dot qui a fait son entrée timidement sur le marché en automne 2018, dans trois variantes différentes de 65, 75 et 85 pouces.
A quelques mètres de là, LG montrait au public européen le premier prototype de TV Oled 8K, un moyen de marquer à vue ses rivaux mais aussi de réitérer son intention d'aller au-delà du seuil du 4K. Sur la même longueur d'onde également Sharp, qui dans la capitale allemande avait annoncé la deuxième génération de téléviseurs et moniteurs 8K, avec des modèles de 60, 70 et 80 pouces arrivés en Europe au début de l'année 2019
Bref, à en juger l'avancée des constructeurs et les différentes offres commerciales, la 8K semble être plus qu'une suggestion. La grande question demeure cependant : sommes-nous au prélude d'un autre transfert important ou s'agit-il d'une nouvelle tentative marketing technologique, pour nous vendre quelque chose dont nous n'avons pas vraiment besoin ? Autrement dit, quel est l'avantage réel qu'un téléviseur 8K peut apporter ? Et surtout comment comparer et savoir quelle TV 8K choisir pour sa prochaine acquisition ?
Le parti des sceptiques affirme qu'il est très difficile, voire impossible, de percevoir la différence entre une image 4K et une 8K. L'il humain a des limites qui dépendent de la taille de l'objet et de la distance par rapport à lui ; pour apprécier la différence avec un écran 4K, il faut être très proche de l'écran. Une autre problématique aux détracteurs, est qu'il n'y a pas de contenu 8K disponible en raison de l'effort considérable que cela implique en termes de transmission de données.
Un signal Ultra HD 4K nécessite environ 35 à 40 Mbit/s de débit. Pour un format 8K, cela exige à inima 50 Mbit/s (mais aussi plus de 91 Mbit/s pour des formats moins comprimés). Compte tenu des limites du haut débit, on peut comprendre pourquoi les fournisseurs préfèrent aujourd'hui utiliser l'espace disponible avec plus de canaux basse définition, plutôt que de les remplir de transmissions 4K et 8K.Enfin, le facteur prix ne peut être négligé. Si les téléviseurs 4K oscillent maintenant entre 1000 et 4000 euros, les 8K démarrent à plus de 5000 euros.
Du côté des détracteurs, il y a plus d'une raison de qualifier le 8K de énième bluff de l'industrie de la télévision après la 3D et les écrans incurvés. D'autre part, nous devons également admettre que la plupart des objections que nous venons de voir, ont été soulevées même à l'aube du 4K, un format sur lequel il n'y a plus de doute aujourd'hui. La vérité est que le désir de nouveauté et d'évolution technologique pourrait atténuer les problèmes, sans compter toute cette tranche d'utilisateurs qui ne se soucient pas des chiffres.
Ensuite, il y a au moins quelques aspects plus concrets qui font pencher la balance en faveur du 8K. Le premier est ce que l'on appelle l'upscaling, qui est le processus qui permet à la dernière génération de téléviseurs de digérer les signaux avec une résolution plus faible, peut-être sans perdre en qualité. C'est précisément sur ce point que les fabricants concentrent leurs efforts sur la conviction que, tant que l'industrie du contenu n'est pas prête à produire des films, émissions ou séries en 8K, les utilisateurs doivent disposer d'un produit d'une qualité parfaite.
Le premier téléviseur 8K Quantum de Samsung peut gérer une montée en charge sans précédent, et ce grâce à la présence d'un processeur à technologie propriétaire capable de métaboliser une série d'informations, pour optimiser même des images à basse résolution. Le deuxième aspect concerne la possibilité d'utiliser ces téléviseurs pour voir le contenu de ses smartphones et autres tablettes. Des photos en pleine résolution, par exemple, mais aussi de la vidéo. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les fabricants de caméras et objectifs photo commencent à proposer des machines pouvant fonctionner nativement à des résolutions supérieures à 4K. Et, compte tenu de l'évolution en cours dans le domaine des microprocesseurs , il y a ceux qui sont prêts à parier sur la possibilité de voir bientôt arriver la 8K msur les téléphones portables.